Attention, la télé tue !

Écrit par Benoite Taffin

Source : L’ESSOR n° 510 d’octobre 2017

 Qu’ai-je lu sur ma chaise longue cet été ? Un polar ? Non, un livre plus terrifiant encore relatant les crimes d’un tueur en série tapi dans l’ombre chaleureuse du foyer familial : la télévision. Et croyez-moi, cela fait froid dans le dos !

TV lobotomie, la vérité scientifique sur les effets de la télévision (Max Milo Editions) n’est pas un livre à sensations financé par des intellectuels rétrogrades, éditeurs de livres inaccessibles, méprisant du haut de leurs bibliothèques tous ces pauvres gens incultes rivés à leur poste de télévision comme la moule à son rocher. Non, cet ouvrage est le fruit d’années d’investigations d’un docteur en neurosciences cognitives, Michel Desmurget, directeur de recherche à l’Inserm. Il s’appuie sur des centaines d’études scientifiques internationales.

 

La télévision nuit à la santé

La télévision est non seulement un facteur d’isolement social, mais elle favorise également de nombreuses maladies en influant sur la sédentarité, la mauvaise alimentation, le manque de sommeil et même, le déclin cognitif (voir encadré). Une étude australienne réalisée sur plus de 9000 adultes a montré que, juste pour la sédentarité, regarder la télévision à un âge avancé coûte environ 3 ans d’espérance de vie. Si votre consommation télévisuelle quotidienne est de 4h par jour plutôt que 2h, vous multipliez par 2 le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire. Pourquoi ? Parce que face à la télévision, non seulement on ne bouge pas mais en plus, on s’empiffre de cochonneries. N’oublions pas non plus les multiples messages subliminaux envoyés par la publicité à nos pauvres neurones abrutis qui nous poussent inconsciemment à acheter des produits alimentaires nocifs.

 

L’influence délétère de la télévision

Considérez dorénavant la télévision comme un mauvais garçon qui vous inciterait malgré vous à la débauche. Spécialiste du développement cérébral, Michel Desmurget, explique que nos actions dans la vie réelle sont conditionnées par ce que notre cerveau a enregistré de façon inconsciente en regardant la télévision. Des chercheurs ont montré par exemple que si vous regardez un film d’action, vous irez aux toilettes de façon rapide et énergique tandis que si vous venez de visionner un documentaire sur une maison de retraite, au contraire, tous vos gestes seront ralentis. Il semblerait que bon nombre de conduites à risque (tabac, alcool, rapports sexuels fréquents non protégés…) sont banalisées, voir idéalisées dans les programmes télévisés. Les personnages du petit écran qui fument, boivent et couchent à tout va sont jeunes, beaux, riches, talentueux et ne souffrent d’aucun cancers, n’ont pas les dents pourries, et n’attrapent pas de maladies sexuellement transmissibles… Bref, la réalité est bien loin des images glamours enregistrées par notre inconscient.

 

Les 5 conseils de M. Desmurget

Si la télévision est un véritable fléau pour les adultes, elle l’est davantage encore chez les enfants. Leurs cerveaux en pleine construction sont comme des éponges se gorgeant de tous les messages véhiculés par le petit écran. Limitez donc les dégâts en suivant les recommandations de Michel Desmurget :

  • Jetez votre télé (à ne bien sûr pas remplacer par un ordinateur, une tablette ou un smartphone).
  • Si vous n’y parvenez pas, ne la placez jamais dans la chambre à coucher.
  • Evitez tout contact de l’enfant avec la télévision avant 6 ans.
  • Chez les écoliers du primaire et les collégiens, le temps de télévision doit être inférieur à 4 heures par semaine.
  • Ne regardez pas la télévision en mangeant, ni le matin avant l’école, ni juste avant le coucher.

 

 

La télévision favorise la maladie d’Alzheimer

Il est aujourd’hui certain que la télévision influe sur le développement cérébral des enfants (problème d’apprentissage et d’attention), mais c’est également le cas chez les adultes, notamment les personnes âgées. De récentes études ont montré que la petite lucarne accélérait le déclin cognitif des séniors. La probabilité de développer la maladie d’Alzheimer augmenterait de 30% pour chaque heure de télévision consommée entre 40 et 60 ans. Sachant que l’apparition de la maladie d’Alzheimer est retardée par la stimulation de nos fonctions cognitives, peut-on en déduire que la télévision ne sollicite pas nos neurones ?

 

 « La télé est dangereuse pour les hommes. L’alcoolisme, le bavardage et la politique en font déjà des abrutis. Etait-il nécessaire d’ajouter encore quelque chose ? »

Louis-Ferdinand Céline