Source : L’ESSOR n° 480 d’avril 2015
Dépasser les 100 ans, oui, mais encore faut-il rester en bonne santé ! Alors pourquoi ne pas suivre l’exemple des habitants d’Okinawa ? Cette île japonaise détient en effet le record mondial d’espérance de vie (86 ans pour les femmes et 78 pour les hommes) et possède une impressionnante concentration de centenaires.
Il y en a proportionnellement 6 fois plus qu’aux Etats-Unis ! Sans compter qu’on ne parle pas ici de centenaires grabataires et déprimés qui survivent tant bien que mal grâce aux avancées de la médecine. Non, à Okinawa, les centenaires sont en bonne santé, plutôt fringants et heureux d’être encore en vie.
Le mystère d’Okinawa
Bien entendu, ce phénomène n’a pas manqué d’attiser la curiosité des scientifiques qui en 1976 lancent une vaste étude sur les centenaires de l’île. Ils constatent alors que les maladies mortelles les plus fréquentes dans nos pays industrialisés (cancers, maladies cardio-vasculaires…) sont ici plutôt rares, tout comme les pathologies liées au vieillissement (ostéoporose, Alzheimer…). Après plusieurs années d’investigation, il s’est avéré que le secret de ce peuple insulaire résidait davantage dans son mode de vie très traditionnel que dans ses gènes.
Le respect de la nourriture
Tout d’abord, l’Okinawaïen prend son temps lors du repas, mange varié, en petites portions, et tout cela dans le respect de l’aliment consommé. Rien à voir avec la pizza ingurgitée à la va vite devant la télé. A Okinawa, le repas est un moment très important. Chaque aliment est consommé en conscience afin d’en retirer le plus de plaisir possible. Ils appliquent également une règle japonaise ancestrale, le « hara hachi bu » qui consiste à ne manger que 80% de ce que notre appétit nous réclame. On sait aujourd’hui scientifiquement que le fait de ne pas manger à sa faim est un facteur de longévité. D’ailleurs, regardez autour de vous, vous ne verrez jamais de gros centenaires. La quantité est remplacée à Okinawa par la qualité, gustative bien sûr, mais aussi visuelle. En effet, une assiette colorée et joliment présentée participe à la sensation de satiété.
Une alimentation thérapeutique
Non seulement les habitants d’Okinawa consomment peu de produits nocifs (sucre, sel, graisse, alcool), mais les aliments cuisinés quotidiennement possèdent presque tous des vertus protectrices. Le sel par exemple est en grande partie remplacé par des épices, et notamment le curcuma dont l’action anti-inflammatoire et anti-oxydante permet de lutter contre le cancer et les maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Si la viande et les produits laitiers sont plutôt rares dans leur alimentation, ils consomment en revanche pas mal de poissons, ainsi que beaucoup de soja fermenté (tofu, miso) qui protège du diabète, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Mais la majeure partie de leur nourriture reste les fruits et les légumes frais, une source inépuisable de fibres, vitamines, et minéraux. Les plats sont agrémentés d’herbes aromatiques et cuits dans du bouillon de kombu, une algue extrêmement riche en iode, fer, calcium, et potassium.
Une activité physique douce mais régulière
Férus de marche à pied, les habitants d’Okinawa sont également épris de jardinage, des passe-temps sains, pouvant se pratiquer jusqu’à un âge avancé sans aucune contre-indication. Mais l’activité des Okinawaïens ayant probablement le plus d’incidence sur la santé est une danse traditionnelle religieuse pratiquée depuis l’enfance. Proche du tai-chi, elle permet de s’entretenir physiquement, mais aussi spirituellement, et travaille sur l’harmonisation du corps et de l’esprit.
Mais nous, pauvres occidentaux sans traditions ni harmonie intérieure, quelles leçons pouvons-nous donc tirer de ces Okinawaïens ? D’abord, éteignez la télé pendant les repas, n’achetez pas de plats tout préparés, mangez moins, moins salé, moins gras, moins sucré, moins de viande, moins de laitage, plus de légumes et de fruits, buvez moins d’alcool, mettez plus de curcuma dans vos plats, et faites plus de trajets à pied. N’oubliez pas non plus que si les Okinawaïens font d’heureux vieillards (le plus important n’est-il pas de vieillir heureux plutôt que de vieillir longtemps ?), c’est aussi parce qu’ils vivent dans une société où ils sont entourés, respectés et utiles. Nous sommes bien loin des EHPAD à la française…